Baisse des taux d'intérêts cet année ?

La Banque centrale européenne (BCE) a mené une politique monétaire très restrictive depuis l'été 2022, face à la montée de l'inflation dans la zone euro. Elle a relevé son taux de dépôt de -0,5% à 4% en l'espace de quinze mois, provoquant un renchérissement du coût du crédit et un ralentissement de la croissance. Mais cette stratégie semble avoir porté ses fruits, puisque l'inflation a commencé à refluer depuis la fin de l'année 2023. La BCE envisage donc de changer de cap en 2024 et de baisser progressivement ses taux d'intérêt, afin de soutenir la reprise économique. Quels sont les enjeux et les modalités de cette inflexion monétaire ?

La baisse des taux de la BCE répond à plusieurs objectifs. Le premier est de ramener l'inflation vers l'objectif de 2% que s'est fixé la BCE, sans le dépasser ni le sous-estimer. Selon les prévisions de la Banque de France, l'inflation devrait atteindre 5,7% en moyenne annuelle en 2023, puis tomber à 2,5% en 2024, avant de se stabiliser autour de 1,7% à l'horizon 2026.

Le second objectif est de relancer la demande intérieure, en stimulant la consommation et l'investissement des ménages et des entreprises. La baisse des taux réduit le coût du service de la dette et augmente le pouvoir d'achat des agents économiques. Le troisième objectif est de favoriser la compétitivité des exportations européennes, en limitant l'appréciation de l'euro face aux autres devises. La baisse des taux rend les actifs libellés en euros moins attractifs pour les investisseurs étrangers, ce qui pèse sur le cours de la monnaie unique.

La baisse des taux de la BCE sera toutefois progressive et prudente, afin d'éviter les effets pervers d'une détente monétaire trop brutale. La BCE devra tenir compte de la situation sanitaire, qui reste incertaine en raison de la pandémie de Covid-19 et de l'émergence de nouveaux variants. Elle devra aussi surveiller les tensions géopolitiques, qui pourraient entraîner des chocs de demande ou d'offre sur les marchés internationaux.

Enfin, elle devra s'adapter aux évolutions de la politique monétaire américaine, qui influence fortement les conditions financières mondiales. Selon le consensus des économistes interrogés par Reuters, la BCE devrait commencer à baisser ses taux au troisième trimestre 2024, et les ramener à 3,5% à la fin de l'année. Elle pourrait ensuite poursuivre son assouplissement monétaire en 2025, en fonction des données économiques.

En conclusion, la BCE s'apprête à opérer un tournant historique dans sa politique monétaire, en passant d'un mode restrictif à un mode accommodant. Cette décision vise à soutenir la reprise économique dans la zone euro, tout en maintenant l'inflation sous contrôle. La BCE devra toutefois agir avec prudence et flexibilité, en tenant compte des risques et des incertitudes qui pèsent sur le contexte mondial.