Les VILLAGES SENIORS 28/08/2019
Les EHPAD doivent être distingués de notions en apparence voisines.
Les EHPAD ne sont pas des unités de soin longue durée (USLD), ni des lieux d’hospitalisation ou médicaux, ni des villages seniors.
En France, les villages seniors sont en
pleine expansion. Néanmoins, ils n'ont pas été crées de toutes pièces
ceux-ci ont été importés. En effet, les premiers villages seniors sont apparus Outre-Atlantique.
Aux États-Unis, certaines villes sont même
dédiées aux villages seniors et n'accueillent que cette catégorie de la
population dans leurs villes. La plus connue est actuellement située à Sun
City dans l'Arizona.
Dans l’hexagone, les villages seniors ne sont
pas aussi nombreux ni autant perfectionnés mais ils sont tout de même en
nette expansion depuis le début le début du XXIème siècle.
Ils sont situés à différents endroits dans
l'hexagone car certaines personnes retraitées qui résidaient dans de grandes
villes souhaitent parfois s'installer dans un village senior situé dans une
ville moins grande. De plus, les conditions climatiques sont souvent mises en
avant pour le choix du village senior.
Logiquement, ces villages seniors ne sont que
très peu développés dans les pays en voie de développement et dans les pays
où l'espérance de vie de la population est relativement courte. Pourtant, des
villages seniors se multiplient sur la scène internationale car certains
seniors originaires de pays occidentaux souhaitent changer de paysage
lorsqu'ils décident de s'installer dans un village senior.
Au sein de l'Union-européenne, plusieurs
pays disposent de villages seniors. Cela est une avancée positive car cela
permet de créer des partenariats entre les villages seniors afin de permettre
aux retraités de voyager lorsqu'ils le désirent.
Si la création des villages seniors semble
répondre à une démarche positive et peut tendre à l'adaptation des
sociétés contemporaines au vieillissement démographique, il n'en demeure pas
moins que les besoins auxquels répondent ces villages doivent être clairement
identifiés. En effet, le risque peut être que la création de ce type
d'hébergement se fasse de façon exponentielle et de façon supérieure aux
besoins réels exprimés.
En revanche, le vieillissement de la
population est parfois perçu à tort comme étant une faiblesse pouvant de
facto ralentir la croissance économique.
Au contraire, certes le vieillissement des
populations est inévitable mais il peut être une réelle ressource pour les
pouvoirs publics et n'est pas certainement pas une barrière au développement
de la croissance économique française.
En outre, les villages seniors sont encore
trop méconnus du grand public. Lorsqu'ils le sont ils sont souvent assimilés
à des maisons de retraite et à des structures médicalisées. En ce sens, ils
peuvent souffrir d'une image péjorative qui est aux antipodes de la réalité.
Cela est néfaste pour les personnes qui
pourraient être tentées de se rendre dans ce type d'hébergement car elles
pourraient redouter d'être mises à l'écart des autres membres de la
société et d'être stigmatisées par ces derniers.
Nous pouvons constater qu’il y a souvent une
conception relativement binaire des personnes en âge d’être à la retraite.
D'une part les jeunes retraités dynamiques assimilés à la notion de
séniorité, d'autre part les personnes dépendantes qui ne peuvent plus rien
faire par elles-mêmes et qui sont en EHPAD et non dans des villages seniors...
Le professeur Vincent Caradec résume
parfaitement cet antagonisme dans l'un de ses ouvrages en expliquant qu'il y a
« Soit, d’un côté, un prolongement de la vie adulte, placé sous le signe
de l’accomplissement de soi et, de l’autre, la « vraie vieillesse »
(Caradec, Sociologie de la vieillesse et du vieillissement, 2008).
Pourtant, entre ces deux extrêmes il existe
tout un panel de nuances de la même façon qu’il en existe entre une personne
qui vient d’entrer dans la vie active et une autre de vingt ans de plus qui
fait aussi partie de la population active.
Ainsi, si la vision bipartite est plus aisée
à cerner elle semble réductrice. Dans notre étude, elle ne permet pas de
prendre en considération tous les seniors qui choisissent de se diriger vers
des villages seniors. Il convient toutefois de souligner que l’une des raisons
qui incite à cette assimilation erronée est le choix terminologique des mots.
En effet, le terme senior est employé par les
médias de façon parfois excessive si bien que dans l’inconscient collectif
cela renvoie soit à des difficultés professionnelles soit à des personnes
très âgées.
En ce sens, une distinction essentielle doit
être faite entre d'une part les EHPAD et d'autre part les établissements
d'hébergement pour personnes âgées valides et autonomes (EHPA). Si les
premiers sont destinés aux personnes âgées qui ne peuvent plus continuer
d'assumer leurs besoins nécessaires, les seconds ne sont pas des lieux
médicalisés.
De ce fait, les personnes les plus âgées
sont statistiquement plus représentées dans les EHPAD tandis que les
personnes d'un certain âge mais qui ne sont pas dépendantes peuvent se
diriger vers des EHPA.
Ces
EHPA permettent des services à la carte, des animations et des espaces de vie
commune comme la restauration et les salles dédiées aux activités. Les
logements qui composent ces EHPA sont souvent des appartements.
Toutefois, les villages seniors ne doivent
pas être assimilés à l'une ou l'autre de ces catégories. En effet, ils
peuvent être considérés comme étant une alternative aux EHPA tout en étant
complémentaires des EHPAD.
En effet, s'ils présentent des similitudes
avec les EHPA (services à la carte, animations proposées, lieux de vie
commune), ils permettent généralement plus d'activités et ce sont souvent
des maisons individuelles qui composent le paysage des villages seniors.
Pourtant, ces villages seniors sont fréquemment assimilés aux maisons de
retraite lato sensu et parfois aux EHPA et aux EHPAD.
En revanche, cette assimilation des maisons
de retraite aux villages seniors va probablement s'amenuiser dans les
décennies à venir. En effet, nous sommes actuellement dans une période de
transition car la génération des baby-boomers est en âge d'être à la
retraite ce qui implique un pic démographique important.
Par conséquent, l'intérêt des médias, des
pouvoirs publics et des universitaires implique une prise de conscience de la
part de la population tout entière.
Les personnes qui font actuellement partie de
la population active seront aussi plus sensibilisées à cette dualité étant
donné que certaines d'entre elles verront leurs ascendants se diriger vers des
villages seniors.
En outre, les villages seniors sont encore
relativement récents dans l'hexagone mais ils vont continuer de se multiplier.
Ainsi, de plus en plus de personnes en connaîtront l'existence et cela permettra
de limiter les risques de confusion entre les maisons de retraite d'une part et
les villages seniors d'autre part.
Toutefois, l'assimilation des villages
seniors aux maisons de retraite sous-tend une logique sous-jacente. Il s'agit
de la stigmatisation dont peuvent être victimes les personnes retraitées et
plus généralement les personnes âgées.
Comme le démontrent les propos
susmentionnés, la stigmatisation des personnes âgées demeure prégnante dans
nos sociétés contemporaines. Celle-ci concerne certes les personnes
retraitées mais aussi indirectement les villages seniors car ils sont
associés à une image de vieillesse.
Cependant, les villages seniors séduisent de
plus en plus de personnes retraitées et continuent d'être crées au sein de
l'hexagone afin de répondre aux besoins existants. Toutefois, si ces besoins
sont réels, un équilibre subtil doit être trouvé entre d'une part la
réalité des besoins et d'autre part les besoins qui sont créés de façon
effective.
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